L’accessibilité web : un enjeu pour tous, une nécessité pour certains

L’accessibilité web, c’est le fait de rendre son contenu (texte, images, vidéos, sites web, application mobile, etc.) compréhensible et utilisable par tout le monde peu importe son équipement (taille de l’écran, etc.), ses capacités (physiques, cognitives, etc.) ou son environnement (rapidité de sa connexion internet).

Pourquoi l’accessibilité est importante? Qu’est ce qui est fait pour que l’information sur internet soit accessible à tous? C’est l’objet de l’article d’aujourd’hui. Dans la deuxième partie de cet article, je donnerais des recommandations pour améliorer l’accessibilité de son contenu sur internet.

L’accessibilité numérique ne se résume pas à la simple disponibilité de l’information. C’est aussi un engagement envers l’inclusion, notamment des personnes en situation de handicap. En effet, ces internautes sont souvent laissés pour compte dans l’univers digital. Pourtant, je suis d’avis qu’en rendant le web accessible à ces personnes marginalisées, on peut réussir à résoudre une grande partie des problèmes d’accessibilité pour tous.

1 personne sur 6 souffre d’un handicap

Selon l’OMS, environ 1,3 milliards de personnes souffrait d’un handicap en 2021. (Source : OMS, 2022)

Cinq types de handicap, parfois invisibles, sont les plus problématiques sur le web. Chacun nécessite des solutions spécifiques pour garantir une expérience numérique inclusive.

Handicaps visuels

2,2 milliards de personnes sont atteintes de déficience visuelle ou de cécité (Source : OMS)

Les handicaps visuels englobent des troubles de la vision variés comme par exemple :

• La cécité : Les personnes atteintes de cécité (totale ou partielle) utilisent souvent des lecteurs d’écran pour naviguer sur le web.
• Les malvoyants : Ce groupe inclut des personnes souffrant de troubles visuels tels que la sensibilité à la lumière, la cataracte (fréquente chez les personnes âgées), la myopie, etc. Bien qu’ils n’aient pas toujours besoin d’appareils spécifiques, des ajustements comme par exemple l’utilisation de polices lisibles ou l’utilisation de contrastes peuvent grandement améliorer leur confort.
• Le daltonisme : c’est une pathologie qui affecte la perception des couleurs qui peut prendre plusieurs formes : certains daltoniens confondent le rouge et le vert, tandis que d’autres perçoivent les couleurs de manière atténuée.

Handicaps auditifs

Plus de 5% de la population mondiale souffre d’une déficience auditive. On estime qu’en 2050, ces personnes représenteront une personne sur dix. (Source : OMS)

Les personnes sourdes ou malentendantes rencontrent des obstacles spécifiques dans l’accès au contenu audio. Ceci devient problématique puisqu’au cours des dernières années de plus en plus de créateurs de contenu et de plateformes privilégient le contenu vidéo et les podcasts.

Selon la sévérité de leur handicap, les personnes malentendantes peuvent utiliser des prothèses auditives ou ajuster le volume de l’audio par exemple pour pouvoir profiter de ce type de contenu.

Handicaps de la parole

Les personnes atteintes de troubles de la parole, qu’il s’agisse de mutisme ou de difficultés d’élocution (débit irrégulier, trouve de la prononciation ou difficultés d’articulation, etc.), peuvent aussi faire face à de nombreux défis pour accéder à l’information sur internet.

En effet, elles auront du mal à :

• interagir avec des assistants vocaux comme Siri ou Alexa.
• Utiliser les systèmes reconnaissance vocale.
• Utiliser les interfaces collaboratives dans lesquelles il faut communiquer par oral.

Handicaps moteurs

Les limitations physiques, comme les troubles de la coordination ou la mobilité réduite, peuvent rendre l’utilisation d’un clavier ou d’une souris traditionnelle difficile.

Handicaps cognitifs et neurologiques

Enfin, certains handicaps ne sont pas immédiatement visibles. C’est le cas des troubles cognitifs et neurologiques, qui incluent :

• Les troubles du spectre autistique (TSA).
• Le trouble du déficit de l’attention (TDAH).
• La dyslexie et autres troubles de l’apprentissage.
• Les troubles neurologiques comme l’épilepsie, qui nécessitent une attention particulière pour éviter les stimuli visuels déclencheurs de crises.

Pour conclure, rendre le web plus accessible c’est aussi améliorer non seulement l’expérience de personnes en situation de handicap mais surtout, de s’assurer que l’information est accessible à tout le monde.

Quelques statistiques sur l’accessibilité

L’accessibilité du web : une responsabilité collective

• Selon l’OMS, en 2022 environ 1,3 milliars de personnes (1 personne sur 6) souffrait d’un handicap (Source : OMS, 2022).
• Une étude de Microsoft de 2021 montre que plus de 2,2 milliards de personnes dans le monde ont une déficience visuelle. Par conséquent, c’est près de 27 % de la population mondiale pour pourrait bénéficier de l’utilisation de lecteurs d’écran pour naviguer sur le web. (Source : Microsoft)
• Plus de 430 millions de personnes dans le monde ont une perte auditive invalidante. (Source : OMS)

L’impact financier de l’accessibilité

• Au Royaume-Uni, une étude a montré que 70 % des acheteurs en ligne en situation de handicap sont contraints de quitter un site internet qu’ils trouvent difficile à naviguer. (Source : Click-Away Pound)
• À l’échelle mondiale, le marché qui inclut les personnes handicapées, leurs familles, amis et défenseurs est estimé à plus de 13 000 milliards de dollars de revenu disponible par an. (Source : The Return on Disability Group, 2020)
• 51 % des consommateurs américains sont prêts à payer plus cher pour des produits ou services provenant d’entreprises qui priorisent l’accessibilité web. (Source : CapTech)
• Les entreprises de consommation perdent 6,9 milliards de dollars par an parce que leur site internet n’est pas accessible et que les internautes en situation de handicap se tournent vers des concurrents.  (Source : McKinsey)

Statistiques sur l’accessibilité numérique

Je vais principalement utiliser le rapport sur l’accessibilité de WebAIM comme source pour les statistiques suivantes, sauf si je mentionne une source différente.

• En 2024, seulement 4,1% des sites internet sont conformes aux directives d’accessibilité aux contenus web (WCAG) version 2.1.
• Sur un million de pages d’accueil analysées en 2024, on a enregistré en moyenne 56,8 erreurs d’accessibilité par page. Ce qui représente 13,6% plus d’erreurs comparé à 2023.
• Les trois niches dont les sites web enregistrent le plus d’erreurs (et donc sont les moins accessibles) sont : sport, eCommerce et mode avec respectivement 84.9, 83.3 et 77.3 erreurs en moyenne.

• En 2024, 22,1 % de toutes les images sur les pages d’accueil des sites internet n’ont pas de texte alternatif, ce qui est essentiel pour les internautes qui utilisent des lecteurs d’écran.
• 61 % des internautes sont susceptibles de ne plus revenir sur un site mobile s’ils ont des difficultés à le parcourir. (Source : McKinsey)

Où en est la réglementation sur l’accessibilité dans le monde ?

La réglementation concernant l’accessibilité du web n’est pas aussi avancée que celle relative à la protection des données personnelles. Pourtant, la création d’un environnement web inclusif passe par l’obligation pour les sites internet de se conformer à des normes d’accessibilité strictes et les sanctions en cas de non-conformité.

Heureusement, la tendance mondiale est à un renforcement des exigences, même s’il reste encore un long chemin à parcourir pour harmoniser les efforts à l’échelle internationale.

Les recommandations WCAG

Les normes WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) constituent un ensemble de recommandations internationales développées par le W3C pour rendre le contenu web accessible à tous. La version la plus récente, le WCAG 2.2, a été lancée en 2023.

Ces normes sont largement adoptées dans le monde et servent de base à de nombreuses lois et réglementations locales sur l’accessibilité numérique. En 2023, 20 pays ont intégré les WCAG comme norme nationale, notamment l’Australie, le Canada, la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Inde, le Japon et le Royaume-Uni. (Source : Whois Accessible)

Les initiatives locales pour améliorer l’accessibilité

Bien que les WCAG soient reconnues mondialement, leur adoption et leur application varient considérablement d’un pays à l’autre. Plusieurs nations ont mis en place des lois pour rendre internet plus inclusif :

• En Europe, la directive sur l’accessibilité du web (WAD) impose aux sites publics et à certains services privés de respecter des critères d’accessibilité.
• Aux États-Unis, le Americans with Disabilities Act (ADA) encadre l’accessibilité numérique pour les entreprises et les institutions publiques.
• Au Canada, la Loi sur l’accessibilité pour les personnes handicapées (LAPH) vise à éliminer les barrières numériques d’ici 2040.

Ces initiatives témoignent d’une prise de conscience croissante, mais leur application reste inégale, et de nombreux pays doivent encore rattraper leur retard.

Conclusion

L’accessibilité numérique profite à tout le monde. En rendant le web accessible, que ce soit pour les personnes en situation de handicap ou pour celles confrontées à des limitations comme une mauvaise connexion internet, un écran trop petit ou un environnement bruyant, nous ne faisons pas qu’améliorer leur expérience. Nous créons un internet plus intuitif, plus flexible et plus inclusif pour chacun d’entre nous.

L’accessibilité n’est pas une option – c’est une responsabilité collective. Les avancées réglementaires, bien qu’encourageantes, doivent s’accélérer pour répondre aux besoins d’une population mondiale vieillissante et diversifiée.

Partage ton expérience

Laisse-moi un commentaire pour me dire si tu souffres d’un handicap ou si tu es dans une situations qui rend l’accès à l’information sur internet difficile. Personnellement, je souffre de troubles de la vision (myopie et astigmatisme) et je suis également neurodivergente. Ces réalités me rappellent chaque jour que le web doit être un espace inclusif pour tous et j’espère qu’en lisant les commentaires nous pourrons tous prendre conscience de l’importance de créer un espace web inclusif.